Je me tourne et regarde l'Automne de ma vie, je viens d'y rentrer et pourtant déjà j'y sens le poids des années.

Mon Printemps, si loin déjà, j'avais la vie devant moi, la force m'habitait, j'étais invincible, je n'entendais pas, je n'entendais plus la voix, les avertissements, les conseils de mes parents, pour moi cela me semblait inutile…"je savais"…
J'allais de l'avant, rien ne pouvait m'atteindre j'avançais vite, pleine d'énergie, pleine de fougue, avide de tout savoir, tout connaître, la vie devant moi. Le cœur léger, l'horizon m'attendait, qu'y avait il derrière, je n'avais qu'à le découvrir.
Puis un jour de ce Printemps, jour inoubliable et tellement douloureux, un des Printemps de sa vie, papa est parti de l'autre côté de la vie, de l'autre côté du miroir, vers une autre vie, meilleure, puisqu'ils n'en reviennent pas, et nous sommes restés là, meurtris, débordant de souffrances et de chagrin, semblant être plongé dans un songe dont on finirait bien par sortir. Mais le temps passe et sa place, ce vide, sont toujours là, tout nous le rappelle, ses endroits, ses passions, sa moto, ses amis, les voir est un bonheur, il se continue en eux, mais c'est un pincement au cœur de penser qu'ici bas je ne le reverrai plus jamais, ce papa que j'aimais tant.

Mon Printemps sans lui est un nouveau Printemps, un autre soleil entrait dans ma vie quand papa était là, il l'aimait déjà tant, celui qui allait devenir mon mari.

Puis vint l'Eté de ma vie, les enfants difficilement, mais quel bonheur ce prolongement de Nous de soi, à notre tour d'être parent, long parcours de joies, d'embûches, d'épreuves, santé ou autre mais demeure encore cette énergie qui nous fait rebondir et repartir à chaque fois, sans fin, comme une source inépuisable, on avance, sans trop réfléchir, et surtout en évitant de se retourner, les problèmes non résolus, non avoués nous suivent, et plus on avance et plus il est difficile d'y revenir, de tenter de s'en occuper, on fuit "on verra, bien" , un jour, "on prendra le temps"… et ce temps passe et notre vie ressemble à cet élastique sur lequel on tire, on tire, on tire, et puis vient le moment où il a tout donné et les doigts de trop le serrer, s'engourdissent et lâchent, et l'élastique quand tu arrives au 50 ans de ta vie, il te revient en pleine "gueule" , là, c'est l'Automne qui te tombe dessus, tu t'en es pas aperçu, mais tu le sens tous les jours plus, le bilan de ta vie, que tu viens de faire, lorsque tu as pris le temps enfin de te retourner sur ton vécu, te le dis

D'abord, tu vois à peine ce que tu as fait, mais tu fais une fixette sur ce que tu n'as pas fait, un peu comme tous ces maris qui quand ils rentrent à la maison voit toujours le peu que tu n'as pas fait, mais pas tout ce que tu as abattu de travail, bon enfin on aurait pu faire, mais à cause de…. va donc savoir qui en sera la cause… car au bout du compte c'est toujours à Toi que tu dois t'en prendre, tu as fait des choix et ils ne sont pas toujours heureux, nous avons tous une sale manie c'est toujours de rejeter la faute sur les autres.
Chez les époux, pour le mari, quand tout va bien, c'est grâce à lui, quand tout va mal c'est à cause d'elle, les qualités chez les enfants, ah! C'est lui, les défauts ah c'est bien d'elle… Ne me dites pas que c'est différent chez vous, je ne vous croirai pas, sinon je croirai qu'il y a un Saint qu'on a oublié….c'est vous….là je ris.

Mais savez vous Messieurs les époux, que nous les dames savons parfaitement tout cela depuis toujours, mais que nous avons fait un jour, nous aussi ce choix… c'est vous, vous qui nous correspondait, vous qui, dans votre immense égoïsme savait mettre quelque fois vos essuies glace pour nous voir, voir que nous existons, pas que vous nous le disiez, oh non grand Dieu, vous en perdriez votre belle virilité, mais, nous l'apprenons au travers de conversations entendues entre deux portes et là, que d'éloges sur vos moitiés vont s'envoler. Comment ne pas craquer après cela pour cet homme que nous allons tant aimer et choyer, toute une vie, et passer par-dessus tout ce qui va nous blesser dans nos sensibilités, vos manières d'Aimer sont si différentes, l'homme c'est avec son corps, la femme avec son cœur et tout s'emboîte à merveille. Ils ne se comprendront pas toujours, d’où ces conflits, ces froissements de tôles, quelquefois la cause de défis, ou d'erreurs.

Je vous ai déjà dit qu'il n'y a aucun mode d'emploi, simplement s'Aimer et surtout se parler, partager tout. Mais avant tout essayer de comprendre l'autre, même s'il nous agace un peu, savoir être patient, et se faire pardonner ses humeurs, s'en excuser, mais ne jamais oublier de se dire "je t'aime", ravaler son orgueil de mâle, et revenir vers celle qui sait être si douce et unique pour vous. Ne me dites pas que vous n'aimez pas en plus ces délicieuses réconciliations, c'est du nectar et qui vous font encore plus Aimer celle ou celui qui partage votre vie.
Après cela ne me dites pas qu'il n'y a RIEN au dessus de nous, je ne vous croirais pas, là non plus.
Croyez vous que l'humain aurait pu nous inventer, avec autant de diversité, autant de mystère et de beauté, de bonté ou de méchanceté, de générosité ou d'égoïsme, au point qu'aucun d'entre nous ne se ressemble, même les vrais jumeaux arrivent à se différencier avec le temps. Notre programmation est parfaite, nous sommes les seuls fautifs des fausses manœuvres, les humains ont le don de toujours tout gâcher, ils pulvérisent tous les jouets.

Pensez bien, et dites moi si je me trompe. Nous avions une belle Terre, qui, est venu la saloper, la souiller, la maltraiter, en abuser, et la détruire, avec ce malin plaisir, pulvériser ce qui lui permet de vivre et lui donne tout simplement la vie.

Les animaux par exemple, dites moi ce que l'humain en fait, sinon la plupart du temps, le tuer par jeu, et plaisir, le taureau dans les arènes, le cheval dans les courses, lorsqu'il se manque et chute, et sera abattu, le chien qu'on a fait de combat et s'il ne gagne pas il est frappé à mort, ou attaché sur les rails ou seul le train viendra le délivrer de cette dure vie.

Autrefois dans nos campagnes, les bêtes qui nous permettaient de vivre étaient respectées, rentrées soigneusement dans les étables quand il pleuvait, ou pendant l'hiver, aujourd'hui, elles sont en surnombre et dorment par tous les temps à la belle étoile, sans que nos cœurs frémissent d'un poil. Nous sommes devenus progressivement froid, insensibles, individualistes et égoïstes, et il nous faut des images de sang et d'horreur pour essayer de réveiller ces cœurs figés qui se rendorment presque aussitôt, çà n'arrive qu'aux autres, tant qu'on est pas touché, et on ne comprend pas pourquoi le monde entier ne voit pas notre malheur lorsque cela nous arrive, "c'est pas juste", tiens donc? De quoi se plaint on quand on récolte ce qu'on sème. Si nous restions éveillés et nous aimions un peu plus notre prochain, que nous soyons un peu plus attentif aux autres, en cessant un peu de regarder notre nombril.